OUVRIER  Marie Louis
Soldat au 80em Régiment  d'Infanterie
Mort au combat le 23 septembre 1914

Texte de Adrien Ouvrier
extrait des Carnets de Route
"Souvenirs de la Campagne de 1914"

Carnets de guerre

 Edités dans les colonnes du
Dauphiné Libéré  
du 10 octobre au 11novembre 2002











<avant l'assaut (1914) fusain  format 40x30cms> 







 Le 17 septembre 1914

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 Par une pluie battante , nous nous acheminons à 4heure du soir vers Einville que nous dépassons puis Meixe , Dombasle ( Louis me donne son bras comme appui ) nous dépassons Nancy à minuit et demi .
On est éreintés , mouillés , fourbus , on arrive enfin à Essey vers une heure trente du matin (9h.30 de marche!)

Le 18 septembre 1914
 Restés à Essey Les Nancy , revue de la tenue à 5 h par le Cd t -
 Louis se débrouille , il me porte du chocolat en quantité .


Le 19 septembre 1914
Nettoyage du cantonnement reçu une carte de Mr Lagarde et une lettre de Joseph (son deuxième frère)

 Le 20 septembre 1914
Essey les Nancy- 5 heure du matin , exécution d' un hussard motif: refus d'obeissance et menace envers un supérieur , la 11em Cie fournit le 1er peloton pour assister à la fusillade qui à lieu au stand civil - A 6 heure trente départ de la 11em Cie pour l' exercice à la caserne à 500 mètres du cantonnement , on procède au gonflement d' un ballon captif.
Ce soir quatre soldats sont passés en Conseil de Guerre-.
Revue de propreté au cantonnement


 Le 21 septembre 1914
Lever à trois heure trente départ d'Essey -les-Nancy à 11heure .Traversée de Nancy de midi à une heure - jolie ville me rappelant un peu Paris .par ses belles maisons et son aspect général.(avec Louis on a le temps de prendre un bock , à la terrasse d' un café) .

Puis l' on prend la direction de Toul  , et sous les fortes averses intermittentes ,on marche, on marche, on s'arréte au moins deux heures au milieu d' une foret , puis on repart , on traverse la Moselle et après quatorze heures de marche on arrive dans un village appelé Jaillon ; à une heure du matin on y cantonne, on est éreinté et mouillé et on se couche dans la paille dans ces conditions .

 
 Le 22 septembre 1914

Lever à six heure trente . A huit heure on se dirige vers l' ennemi......

Noviant aux Prés  ( près de Toul )

  
le 23 septembre 1914
 ..........En face vers midi , le bois de la Voisogne .
Mon malheureux frère Louis tombe frappé d' une balle.
Je me précipite à son secours - il expirait presque aussitôt dans mes bras ! Une balle explosive lui avait traversé le cou , son visage était calme .
Je suis resté à coté de mon pauvre Louis jusqu'a la nuit.......
.........Je l' ai enseveli à l' endroit même le surlendemain quelle affreuse douleur de le voir ainsi sans mouvement lui si fort , si courageux

Jusqu'au 30 septembre en premiere ligne , puis aux avant postes dans les tranchées, l' ennemi qui est retranché à 300ml nous tire de nombreux coups de fusils

-Je n' essaye même plus de me dissimuler , la vie est bien peu de chose....Je vis au jour le jour , je suis découragé , ma pensée me ramène toujours à lui..........