Adrien OUVRIER 1980-1947
artiste peintre
et
Marius VALIERE 1890-1969
Comédien , écrivain ,imagier , félibre
Maitre d'Oeuvre du Félibrige (1954),
Conseiller Pédagogique de l' Institut d' Etudes Occitanes (1955)
Laureat du prix Joffré Rudel (1962)
Participant actif du groupe occitan LO CALELH

 Mr Valiére Marius

 Mme Valiére

 Leur fille Lygie

 Texte de MME Lygie BONNAFOUS-VALIERE fille de Mr et Mme Valiére

Mon père, Marius VALIERE avait fait preuve , dés l' enfance ,d' un don artistique certain .
Mais cette enfance fut difficile : le papa étant mort à 26 ans (à Toulon) la maman restait toute jeunette (19ans) sans ressources. Elle retourna à ALBI auprès de sa mère Lisa et de son beau-père Joseph, tous les deux veufs . C' est donc le "pépé Joseph" qui joua auprès de l' enfant le rôle de père .
Mais,le temps venu, il ne pouvait être question de lancer l' adolescent dans des études artistiques aléatoires. Il fut instituteur. Son éducation , Marius la fit en copiant les gravures de ses livres scolaires ou les images du calendrier .Il disait avoir "usé une brouette de crayons" à cet exercice .
D' ou lui venait son "coup de crayon"? Mystère . Les VALIERE du village de BOURGNOUNAC, petits agriculteurs durs à la peine n' auraient guère eu le temps , ni les moyens de dessiner : il fallait d' abord nourrir des nichées de dix ou douze enfants .Dans son métier d' instituteur mon père expliquait beaucoup par le dessin et ses modèles d' écriture tracés à la craie sur le tableau noir étaient des merveilles.
Néanmoins dans sa jeunesse , il eut une chance : lors de son service militaire au 81em régiment d' Infanterie cantonné à Narbonne , il rencontra un "vrai" peintre Adrien OUVRIER .Je crois qu' ils se retrouvèrent à la guerre de 14 puisqu' ils avaient du , l' un comme l' autre , enchaîner ces deux tragi-comédies : le service militaire et la guerre .
Adrien OUVRIER ,disait papa , avait fréquenté l' Atelier de CORMON . Il donna de précieux conseils à papa qui fut "bon élève" .
Il lui disait par exemple
"Si tu peins un paysage ou un monument tu peux arriver a être un bon amateur . Le jour ou tu pourras y ajouter la silhouette d' un petit personnage , tu seras un peintre "
Combien de fois ai-je entendu papa répéter cela -
Il me racontait aussi , qu' encore tout jeune étudiant,Adrien dessinait la façade d' un monument de genre classique ; son professeur s' étant arrêté auprès de lui , dit :
"-Vous les avez comptées les fenêtres ?"
Réponse du débutant
 "-Oh oui! je les ai comptées "
Les deux amis riaient beaucoup de ce trait .
Adrien OUVRIER a du faire deux séjours chez nous à l' école du village de Jouqueviel aux limites Nord de notre département .
Une premiere fois en 1922 , et une autre fois après son mariage .J' ai gardé le souvenir de son épouse , une brunette vive et jolie . Adrien lui, était plus clair sous sa chevelure frisée , et souvent ailleurs , dans son monde d' artiste.......
........Un matin papa me dit : "Nous allons rejoindre Adrien ; il est en train de peindre à la Roubertie "
Et nous voila partis à travers sentiers et champs . Nous ne tardons pas à trouver notre homme devant les grands horizons du plateau aux croupes lourdes , ou la rivière Viaur s' incruste en gorges si abruptes qu' elles en deviennent invisibles . Le village que vous voyez là , à portée de main , vous le rejoignez au bout de dix kilomètres de route tortueuse .
J' étais fort intéressé par cette armée de tubes et cette palette ou chantaient tant de couleurs et de nuances . Et ces petits flacons d' huiles ambrées , et cet autre qui contenait du "siccatif"  Notre artiste cueillait de ça , de là du bout du pinceau un soupçon de couleur , qui trouvait sa place , comme par magie ....tant d' aisance ! tant d' habileté! tant d' acuité dans le regard!
Ce tableau que j' avais vu s' élaborer sous mes yeux , je sais ce qu' il est devenu . Adrien l' avait offert à mon oncle , frère de maman , lorsque ce dernier s' est marié en 1926.
Sur cette image il me parait y avoir une remarquable étude de feuillage au premier plan et , au delà , le moutonnement du plateau et sa géométrie de bois et de champs .
Le dernier témoin que je retrouve est une carte de 1930 ou Adrien dit avoir exposé au Salon des Artistes Français .Et puis, la vie !..... Mais papa a toujours parlé avec affection de son ami OUVRIER.

Quand je me suis réinstallée à Carmaux , à la mort de mon mari ( en 1990) j' ai apporté mes petites images .......  //  ........Elles restent autour de moi , ces petites images doublement chères. C' est mon pays d' enfance , le Ségala , auquel je me suis si profondément identifiée que je signe mes petites oeuvres littéraires "Ségaline"

C' est aussi le souvenir d'Adrien Ouvrier qui a pris place dans le petit cinéma de mes souvenirs , petit cinéma qui , aujourd'hui m' aide à vivre ma solitude et mon vieux temps
                              L.B.V. juin 2001

 Documents photographiques aimablement fournis par Madame Lygie Bonafous-Valiére

Photo Henri DELRIEU

Portrait de Lygie , en costume de pays
dessin à l'encre par Mr Marius VALIERE


Cadre de bois de tilleul fait par Marius VALIERE rehaussé de motifs en cuivre repoussé
Le plateau de SEGALA et la vallée du VIAUR vus de l'OURADOU JOUQUEVIEL (Tarn)
aquarelle de A.Ouvrier